Alberto Giacometti. Boule suspendue, 1931. Bois, fer et corde, 60,4 X 36,5 X 34 cm. Centre Pompidou, Musée national d’art moderne – entre de création industrielle, Paris.

Références – Amitiés

“En 1930, Giacometti crée Boule suspendue, une sphère retenue par un fil dans une cage, qui semble glisser sur l’arête d’un croissant. Elle évoque l’érotisme d’un rapport sexuel impossible et frustrant et la pulsion scopique, concept psychanalytique défini par Sigmund Freud comme le plaisir de regarder, de s’emparer de l’autre par le regard. Breton considère cette sculpture comme fondatrice du surréalisme. Il achète la version en bois de 1931 et la garde toute sa vie dans son atelier, parmi sa collection d’œuvres extra-occidentales, d’art moderne et de curiosités. Giacometti est alors accueilli au sein des surréalistes et réalise d’autres sculptures qui suggèrent le mouvement et le jeu. Cet ensemble de pièces sont décrites par Dalì comme des « objets à fonctionnement symbolique », selon l’expression de Dalí. Il tisse des amitiés qui perdureront au-delà de sa période surréaliste avec des artistes du groupe : Hans Arp, Leonora Carrington, Salvador Dalí, Max Ernst, André Masson, Joan Miró, Meret Oppenheim, Pablo Picasso, Yves Tanguy…”1

La notion de collaboration est au cœur de la maison Mona Margaux, en effet mon envie était de créer un studio de création, une maison sans murs, ni portes qui permettrait de construire ou de déconstruire nos pratiques et nos matières de prédilection.

L’envie d’un partage d’expériences est apparue très tôt, des rendez-vous sont organisés régulierement et deviennent des espaces de recherche, de création et d’entraide entre artisan.e.s, designer.s, créateur.ice.s, passioné.e.s. Ce cercle n’est pas fermé, il grandit et s’ouvre chaque mois à de nouvelles personnalités.

Alberto Giacometti. Cube, 1933-1934. Plâtre. Centre Pompidou – Musée national d’art moderne, Paris.

L’air de l’eau, Cahiers d’art André Breton, Paris 1934 Le chat / La fée du Sel / La main / Le cheval de Paille

Dans la continuité de sa collection permanente, la maison Mona Margaux proposera à d’autres artisan.e.s d’art et designer.s de s’approprier des éléments de la gamme en les invitant à les réinventer. Chaque collaboration donnera naissance à une collection capsule de pièces exclusives. L’opportunité d’ouvrir la discussion sur d’autres savoir-faire et matières à travers le podcast de la marque.

Ces réunions et ces amitiés par le travail sont chose courante dans le secteur de la création, avec pour preuve la magnifique exposition : “Amitiés surréalistes – Alberto Giacometti / André Breton” organisée par la Fondation Giacometti, l’association Atelier André Breton, le Musée d’Art Moderne et le Centre Pompidou. Elle a dévoilée des œuvres méconnues réalisées par Alberto Giacometti lors de sa très courte adhésion au mouvement surréaliste.

“De nombreux documents témoignent de l’amitié entre Giacometti, Breton et les surréalistes, notamment ses carnets de notes, sa correspondance personnelle et ses archives photographiques. Giacometti participe activement à la vie du mouvement, publiant ses premiers textes et illustrations et participant aux expositions les plus importantes. Vers 1932-1933, Giacometti travaille à la réalisation du portrait peint de Breton, mais abandonne le projet et n’en conserve qu’une étude au crayon. Malgré sa rupture avec le groupe surréaliste en 1935, Giacometti reste ami avec Breton et réalise en 1936 un dernier portrait de lui.”1

L’air de l’eau (1934)

“J’ai devant moi la fée du sel
Dont la robe brodée d ‘agneaux
Descend jusqu’ à la mer
Et dont le voile de chute en chute irise toute la montagne
Elle brille au soleil comme un lustre d ‘eau vive
Et les petits potiers de la nuit se sont servis de ses ongles sans lune
Pour compléter le service à café de la belladone
Le temps se brouille miraculeusement derrière ses souliers d ‘étoiles de neige
Tout le long d’ une trace qui se perd dans les caresses de deux hermines
Les dangers rétrospectifs ont beau être richement répartis
Des charbons mal éteints au prunelier des haies par le serpent corail qui peut passer pour un très mince filet de sang coagulé
Le fond de l’ âtre
Est toujours aussi splendidement noir
Le fond de l’ âtre où j ‘ ai appris à voir
Et sur lequel danse sans interruption la crêpe à dos de primevères
La crêpe qu’il faut lancer si haut pour la dorer
Celle dont je retrouve le goût perdu
Dans ses cheveux
La crêpe magique le sceau aérien
De notre amour”

Sources :

1. Serena Buccalo-Mussely, Emilie Bouvard, Anne Egger, Constance Krebs, Antoine Poisson, “Amitiés surréalistes – Alberto Giacometti / André Breton”, cat. expo (Paris, Fondation Giacometti, 2022) Lyon : Fage

2. André Breton, L’air de l’eau, Clair de terre, Paris 1934

Photographies: Agathe Fleurant